Ils me disaient:çà passera
Un jour où l’autre, tu renieras
Renonceras à la fureur
Au tumulte et à la clameur
Tu balaieras tes idéaux
En remisant tes drapeaux.
Ils me disaient:n’y songe plus
Où bien tu finiras reclus
Sans avoir goûter au Grand Soir
Étouffé par le désespoir
Et verras s’effondrer tes rêves
Malgré les poings qui se lèvent.
Ils me disaient : Ça passera
Puis un jour tu en reviendras
Souviens-toi des désillusions
Qui naquirent des révolutions.
J’ai vieilli. Tout va bien. Merci
De vous être fait tant de soucis
Le Rouge me va toujours très bien
Parmi mes frères plébéiens.
Bien-sûr, il arrive parfois
De douter. De perdre la foi.
Quand un soir de mars ou d’avril
S’expriment les suffrages imbéciles.
Mais ma promesse est éternelle
Depuis ce soir de Noël
Je m’y tiens. Comme je peux.
Même quand mon âme s’emplit de bleus
Certes il y eut des reniements
Et des copains qui abandonnent
Il arrive toujours un moment
Où l’on doute du cœur des hommes
De ces jours désespérants
Où l’on se sent si fatigués
A se vouloir trop militant
Et nous voilà désabusés…
Soudain la flamme se rallume
Elle est là. Elle surplombe. Elle luit.
Pour éviter qu’elle ne se consume
A nouveau, alors, on la suit.
Alors jusqu’à mon dernier souffle
Vous pourrez dire : Çà passera
S’il se peut que je m’essouffle
Je continuerai le combat.
Avril 2020