Ce soir la lune hiberne. Et le monde s’en fiche.
Perdu, l’homme se terre. Et la Mort l’aguiche.
Je tourne. Sur moi-même. Dans cette pièce obscure.
Roxane a disparu. Cyrano fait le mur.
Le panache n’est plus que souvenir enfoui.
Qui donc, de nos jours, osera le « Non merci »?
Refusant la rançon d’une gloire arrangée.
Pour quelques alouette. Au miroir déplumé.
Ô versificateur. Tu n’es que Souvenir.
Sombre sera la nuit. Et sombre l’Avenir.
Ce soir, la lune hiberne. Et le Monde s’en fiche.
L’Homme baisse la tête. Il a le cœur en friche.
Il a les yeux paumés. Et les jambes perdues.
Qui donc, croquera tous les fruits défendus?
Refusant de se vendre pour une fragile obole.
Plutot mourir anonyme que renier sa parole.
Ô versificateur. Symbole d’un autre temps.
Serais-tu déserteur, sacrifiant le printemps?
Cyrano. Savinien. Mon frère, sous les décombres.
Tu survis. Cyrano. Et j’attrape ton Ombre.
Moi. L’Éternel bousculé. L’incompris. L’Exangue.
Cyrano. Savinien. Mon frère. Je parle ta langue.
Celle des romantiques. Des faiseurs de chansons.
Marginaux sans lumières. Génies sans épitaphes.
Cyrano. Savinien. Mon frère d’illusions.
Plutôt l’obscurité que les grands autographes.
Face à la bien-pensance, ne pas fermer sa gueule.
« Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul. »
Avril 2022